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La peau de chagrin
proză [ ]

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de [Honoré_de_Balzac ]

2010-06-29  | [Acest text ar trebui citit în francais]    |  Înscris în bibliotecă de Dolcu Emilia



X

En s’élançant de la porte du magasin sur la chaussée du quai, l’inconnu heurta trois jeunes gens qui se tenaient bras dessus bras dessous.
- Animal!...
- Imbécile!...
Telles furent les grâcieuses interrogations qu’ils échangèrent.
- Et! c’est Raphaël
- Ah bien! Nous te cherchions!...
- Quoi! C’est vous…
Ces trois phrases amicales succédèrent à l’injure, aussitôt que la clarté d’un réverbère balancé par le vent frappa les visages de ce groupe étonné.
- Mon cher ami, dit à Raphaël le jeune homme qu’il avait failli renverser, tu vas venir avec nous…
- De quoi s’agit-il donc?...
- Viens toujours, je te conterai l’affaire en marchant!...
Et de force ou de bonne volonté, Raphaël fut entouré de ses amis qui, l’ayant enchaîné par les bras dans leur joyeuse bande, l’entraînèrent au Pont des Arts.
- Mon cher, dit l’orateur en continuant, nous sommes depui s une semaine à ta poursuite… A ton respectable hôtel Sait-Quentin, rue des Cordiers, dont nous avons par parenthèse, admiré l’enseigne inamovible en lettres toujours alternativement noires et rouges comme au temps de J.-J. Rousseau, la Léonarde nous a dit que tu étais parti pour la campagne au mois de juin. Cependant, nous n’avions certes pas l’air de gens à argent, huissiers, créanciers, gardes du commerce, etc… N’importe! Rastignac t’ayant aperçu la veille aux Bouffons, nous avons repris courage, et mis de l’amour propre à savoir si tu perchais sur les arbres des Champs-Elisées; si tu allais coucher pour deux sous dans des maisons philantropiques où l’on dort appuyés sur des cordes tendues; ou si, enfin, plus heureux, ton bivouac n’était pas établi dans quelque boudoir…
- Nous ne t’avons rencontré nulle part, ni sur les écrous de Sainte-Pélagie, ni sur ceux de la Force! Les ministères, l’Opéra, les maisons conventuelles, cafés, bibliothèques, listes de préfets, bureaux de journalistes, restaurants, foyers de théâtres, bref, tout ce qu’il y a dans Paris de bon ou de mauvais endroits, ayant été savamment exploré, nous gémissions sur la perte d’un homme doué d’assez de génie pour se faire également chercher à la cour et dans les prisons… Nous parlions de te canoniser comme une noble victime de juillet… et nous te regrettions…
En ce moment, Raphaël passait avec ses amis sur le Pont des Arts; et, sans les écouter, il regardait la Seine dont les eaux mugissantes répétaient les lumières de Paris. Il était au dessus de ce fleuve dans lequel il voulait naguère se précipiter; et, comme l’avez prédit le vieillard, l’heure de sa mort se trouvait fatalement retardée…
Et, nous te regrettions… d’honneur! Dit son ami poursuivant toujours; car il s’agit d’une combinaison dans laquelle nous te comprenions en ta qualité d’homme supérieur, c’est-a-dire d’homme qui sait se mettre au dessus de tout.
- L’escamotage de la muscade constitutionnelle sous le gobelet royal se fait aujourd’hui, mon cher, plus gravement que jamais. L’infâme Monarchie renversée par l’héroïsme populaire était une femme de mauvaise vie avec laquelle on pouvait rire et banqueter; mais la Patrie est une épouse vertueuse et acariâtre, dont il nous faut accepter bon gré, mal gré, les caresses compassées… Or donc, le pouvoir s’est transporté, comme tu sais, des Tuileries chez les journalistes, de même que le budget a changé de quartier, en passant du faubourg Saint-Germain à la Chaussée d’Antin.
- Mais voici ce que tu ne sais peut-être pas! Le gouvernement, c’est-à-dire l’aristocratie de banquiers et d’avocats, qui font de la patrie, ce que les prêtres faisaient jadis de la monarchie, a senti la nécessité de mystifier avec des mots, des nouvelles et des idées , le bon peuple de France à l’instar des hommes d’état de l’absolutisme. Il s’agit donc de nous inculquer une opinion nationale, de nous prouver qu’il est bien plus heureux de payer douze cents millions neuf centimes à la patrie représentée par messieurs tels et tels, que onze millions neuf centimes à un roi qui disait moi au lieu de dire nous. En un mot, il s’est fondé un journal, armé de deux ou trois cent bons mille francs, dont le but est de faire une opposition qui concerne les mécontents, sans nuire au gouvernement national du roi-citoyen!...
- Or, comme nous nous moquons de la liberté autant que du despotisme, de la religion aussi bien que de l’incrédulité; que, pour nous, la patrie est une capitale où toutes les idées s’échangent, où tous les jours amènent de succulents dîners, de nombreux spectacles, où fourmillent de licencieuses prostituées, des soupers qui ne finissent que le lendemain, des amours qui vont à l’heure comme les citadines; et que Paris sera toujours la plus adorable de toutes les patries!... la patrie de la joie, de la liberté, de l’esprit, des jolies femmes, des mauvais sujets ou du bon vin; que le pouvoir ne s’y fera jamais sentir…
Nous, véritables sectateurs du dieu Méphistophélis, avons entrepris de badigeonner l’esprit public, de rhabiller les acteurs, de clouer de nouvelles planches à la baraque gouvernementale, de médicamenter les jeunes doctrines, de recuire les vieux républicains, de réchampir les bonapartistes et de ravitailler les centres, pourvu qu’il nous soit permis de rire, in petto, des rois et des peuples, de ne pas être toujours de notre opinion, et de passer une joyeuse vie à la Panurge ou more orientali, couchés sur de mœleux coussins… Comme nous te destinions les rênes de cet empire macaronique et burlesque, nous t’emmenons de ce pas au dîner donné par les fondateurs du dit journal…
- Tu y sera accueilli comme un frère, et nous t’y saluerons roi de ces esprits fondateurs que rien n’épouvante et dont la perspicacité découvre les intentions de l’Autriche, et del’Angleterre ou de la Russie, avant que la Russie, l’Angleterre ou l’Autriche aient des intentions!... Oui, nous t’instituerons le souverain de ces puissances intelligentes qui fournissent au monde les Mirabeau, les Talleyrand, les Pitt, les Metternich, enfin tous ces hardis Crispins qui jouent entre eux les destinées d’un empire comme les hommes vulgaires jouent les kirch aux dominos… Nous t’avons donné pour le plus intrépide compagnon qui jamais ait étreint corps à corps la Débauche, ce monstre admirable avec lequel veulent lutter tous les esprits forts! Nous avons même affirmé qu’il ne t’a pas encore vaincu. J’espère que tu ne feras pas mentir nos éloges. L’amphitryon nous a promis de surpasser les étroites saturnales de nos petits Lucullus modernes… Il est assez riche pour mettre de la grandeur dans les petitesses, de l’élégance et de la grâce dans le vice…
- Entends-tu, Raphaël? lui demanda l’orateur en s’interrompant.
- Oui!... répondit le jeune homme moins étonné de l’accomplissement de ses souhaits que surpris de la manière simple et naturelle dont les événements s’enchaînaient. Quoiqu’il lui fût impossible de croire à une influence magique, il admirait les hasards de la destinée humaine.
- Mais tu nous dis oui!... comme si tu pensais à la mort de ton grand’père… lui répliqua l’un de ses voisins.
- Ah reprit Raphaël avec un accent de naïveté qui fit rire ces écrivains, l’espoir de la jeune France, je pensais, mes amis, que nous voilà près de devenir de bien grands coquins… Jusqu’à présent nous avons fait de l’impiété entre deux vins; nous avons pesé la vie étant ivres; nous avons prisé les hommes et les choses en digérant; nous étions vierges du fait, hardis en paroles; mais maintenant, nous allons être marqués par le fer chaud de la politique, entrer dans le grand bagne, et y perdre nos illusions… or, quand on ne croit plus qu’au diable, il est permis de regretter le paradis de la jeunesse, le temps d’innocence où nous tendions dévotieusement la langue à un bon prêtre, pour recevoir le sacré corps de notre Seineur Jésus-Christ… Ah! mes bons amis, si nous avons eu tant de plaisir à commettre nos premiers péchés, c’est que nous avions des remords pour les embellir et leur donner du piquant, de la saveur; tandis que maintenant…
- Oh,! maintenant, reprit le premier interlocuteur, il nous reste…
- Quoi! dit un autre?...
- Le crime…
- Ah! c’est un mot cela! mais il a toute la hauteur d’une potence et la profondeur de la Seine!... répliqua Raphaël.
- Oh! tu ne m’entends pas… Je parle des crimes politiques… Je n’envie, depuis ce matin, qu’une existence… celle des conspirateurs… Demain, je ne sais si ma fantaisie durera toujours, mais ce soir, la vie pâle de notre civilisation, unie comme la rainure d’un chemin de fer, me fait bondir de dégoût! Je suis épris de passion pour les malheurs de la déroute de Moscou, pour les émotions du Corsaire rouge de l’existence des contrebandiers. Puisqu’il n’y a plus de Chartreux en France, je voudrais au moins un Botany-bay, une espèce d’infirmerie destinée aux petits lords Byron, qui, après dîner, n’ont plus rien à faire qu’à incendier leur pays, se brûler la cervelle, vouloir la république ou la guerre…
- Émile, dit avec feu le voisin de Raphaël à l’interlocuteur, foi d’homme, sans la révolution de juillet, je me faisais prêtre pour aller mener une vie animale au fond de quelque campagne, et…
- Et tu aurais lu le bréviaire tous les jours?...
- Oui…
- Tu es un fat.
- Nous lisons bien les journaux!...
- Pas mal, pour un journaliste…Mais tais-toi, nous marchons au milieu d’une masse d’abonnés. Le journalisme, vois-tu, c’est la religion des sociétés modernes, et il y a progrès, car les prêtres ne sont pas tenus de croire, ni le peuple non plus…
En devisant ainsi, comme de braves gens qui savaient le De Viris illustribus, depuis longues années, ils arrivèrent à un hôtel de la rue Joubert.

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