Où vont les vers d’amour que l’on n’a pas écrits ?
Où vont ces vers fanés que vous aviez su lire
Un soir, le soir divin où j’ai voulu vous dire
Les mots que depuis lors, je n’ai jamais redits ?

Ces beaux vers que mes pleurs ont essayé d’écrire
Sur les lys embaumés que vous m’aviez cueillis;
Ces vers harmonieux subitement fleuris
Pour vous … dans la clarté de mon triste sourire ?

Mon impossible amour, je n’écrirai jamais,
Ces vers que j’ai chantés, lorsque je vous aimais
Tellement, que mon âme est montée à mes lèvres !

Car vous êtes parti sans revenir, hélas !
Brisant notre poème et brisant notre fièvre.
Je n’aurai jamais plus mon cœur de ce soir-là !

(Alice-Lemieux-Lévesque, Poèmes, Montréal, Librairie d’Action canadienne-française, 1929, p. 57)